Les années d’épreuve de Madame Guyon,
Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi Très
Chrétien, Documents biographiques rassemblés et
présentés chronologiquement par Dominique Tronc. Etude
par Arlette Lebigre. Paris, Honoré Champion, coll. «
Pièces d’Archives », 2009, 488 p.
Lors de la « querelle du quiétisme », Mme Guyon
(1647-1717) fut la figure centrale qui animait le cercle spirituel
auquel appartint Fénelon. Ce dernier résista aux
pressions de Bossuet mis en action par Mme de Maintenon.
Parallèlement, une procédure judiciaire fut alors
engagée contre la forte tête du cercle.
Fait exceptionnel, nous sont parvenus neuf interrogatoires conduits
par La Reynie, lieutenant général de police de Paris de
grande expérience. Ils furent soigneusement enregistrés
devant greffier, dans l’espoir déçu d’y
prouver la culpabilité de la prévenue - ce qui eut
entraîné la perte immédiate des quiétistes.
Aux pièces témoignant du bon fonctionnement de la
police du Grand Roi - parfois de ses hésitations face à
une défense opiniâtre - et aux procès verbaux des
interrogatoires, s’ajoutent des confrontations avec un confesseur
imposé et avec l’archevêque de Paris. Ce dernier se
déplacera jusqu’en prison par obéissance totale
à la volonté royale. Ils sont relatées par Mme
Guyon dans ses témoignages autobiographiques ainsi que dans une
correspondance qui se maintint au début de sa « descente
en enfer ».
Le caractère dur des pièces d’archives et de
témoignages de l’intéressée, que les
érudits récents n’ont pas prise en défaut,
est comparable aux récits abrupts de survivants
d’internements policiers plus récents.
Cette contribution sur les conditions carcérales au Grand Siècle constitue aussi l’étude biographique manquante couvrant la seconde partie de la vie de Mme Guyon (1686 à 1717). Elle défriche un terrain vierge en tentant d’établir une chronologie sûre autour de laquelle les témoignages s’éclairent mutuellement. Les années d’épreuves de Mme Guyon auront comporté trente-huit interrogatoires en cinq lieux différents.